Entretien avec trois professionnelles du funéraire, et en particulier de la crémation, à propos des rites mis en oeuvre dans le cadre de leur intervention. Quel est l'impact de l'accomplissement de rites funéraires dans le déroulement du deuil ? Des directives du défunt sur le devenir de son propre corps et la conduite de la cérémonie ? Du devenir des cendres ?
Il a fallu la libéralisation des mode de sépulture au XIXe siècle et le développement de la crémation pour que le statut des cendres fasse l'objet de davantage de questionnements juridiques. Au début des années 2000, le législateur estime en effet que les cendres doivent être dotées d'un cadre législatif au même titre que le corps humain. Le sénateur Jean-Pierre Sueur s'est ainsi penché sur la question en proposant en 2005 une loi "relative à la législation funéraire".
Although considerable research efforts have focused on bereavement outcomes following loss, there are few studies which address the role of memorialization, particularly as it relates to formal service provision. Currently the funeral, cemetery, and crematorium industries are observing a steady decline in traditional and formal memorialization practices. This study aims to identify current memorialization practices and emerging trends, highlight key priorities for improving service outcomes for the bereaved, and understand the implications of changing consumer preferences for service provision. The study’s qualitative research design incorporates two phases, a scoping literature review followed by in-depth interviews with eight service providers from the funeral, cemetery, and crematorium industries. A key finding is that the trend toward contemporary and informal memorialization practices blurs the lines between the role of consumers and service providers. There is a clear opportunity for service providers to engage in community education as a means of building supportive relationships with and improving service outcomes for the bereaved.
There are few studies on interment preferences and practices for people in remote and rural regions of developed countries. This mixed methods study in rural Australia collated data on funeral and interment practices with an ethnographic exploration of the post-death preferences of terminally-ill rural residents. In the region, between February 2015 and May 2016, 44% of decedents were cremated. Burial preferences reflected family traditions, generational connections to historic cemeteries, and the wish to instantiate belonging to people and place. Cremation provided the opportunity for ashes to be scattered at personally-significant places. Funeral planning was important for patients and family caregivers, and funerals are valued rural community rituals.
La mort d'un proche est toujours éprouvante et, même lorsqu'elle survient après une longue maladie, elle prend souvent au dépourvu. La charge émotionnelle rend encore plus difficiles les démarches urgentes et complexes entraînées par le décès, sans compter que de nombreuses interrogations se posent sur ce qu'il convient de faire.
INTRODUCTION: In organ donation and transplantation (ODT) and in nursing students, it is important to know the preferences about the final destination of the body once deceased. Whether these future professionals are afraid of this issue could influence their attitude toward ODT and future donation rates.
OBJECTIVE: To analyze the attitude of nursing students toward cremation, burial, and autopsy and to determine the factors affecting this attitude.
METHODS: A sociologic, interdisciplinary, multicenter, and observational study included nursing diploma students (n = 750) from 2010 to 2011 at 3 universities in the southeast of Spain. A validated questionnaire (PCID-DTO RIOS) was self-administered and completed anonymously.
RESULTS: Questionnaire completion rate was 92% (n = 687), with 71% (n = 486) of students accepting cremation as a body treatment after death. Those who were not worried about the possible mutilation of the body after donation (P < .05) and those who were in favor of deceased donation (P < .001) had a greater degree of acceptance. Of the students, 43% (n = 278) would accept burial of their body, which was related with being in the second year (P < .05) of study. Finally, 86% (n = 586) of students would accept an autopsy being carried out, if necessary, and this was related with the attitude toward ODT (P = .004).
CONCLUSIONS: A high percentage of nursing students would accept an autopsy being carried out. This degree of acceptance was related with a favorable attitude toward organ donation. The appropriate training of future nurses in ODT process will optimize their promotion.
Il est intéressant de mettre à la discussion une idée communément admise, à savoir que la crémation serait une pratique contestant des modèles établis, étant entendu que ses promoteurs, les crématistes, s'inscrivaient dans cette mouvance. Or, il n'est pas sûr que le recours à la crémation s'inscrive aujourd'hui dans ce cadre. Afin de poser les éléments du débat, il faut discuter la manière dont les sociologues se saisissent de cette question en identifiant les postures méthodologiques et les enjeux contemporains liés à l'étude de la crémation. Il se trouve que cette mise à l'épreuve peut nous amener à reconsidérer cette idée d'une césure entre crémation et inhumation.
Concernant aussi bien une circulation d'idées et de savoir-faire qu'une circulation de techniques, l'incinération des cadavres est une problématique particulièrement riche pour illustrer l'importance des échanges scientifiques dans le progrès de la médecine au XIXe siècle. Traversant une période de tâtonnements dans divers pays européens, qui cherchaient le moyen le plus rapide et économique d'incinérer les cadavres, l'aspect matériel fut toujours au centre des débats entre partisans et détracteurs de ce système. Ce fut d'ailleurs le manque d'appareils adéquats qui fit échouer son adoption en France à la fin du XIXe siècle.
Pourtant, à la même période et bien que ne disposant que d'une infrastructure industrielle encore balbutiante, la région du Rio de la Plata a suivi de près le mouvement crématiste européen et l'Argentine a rapidement franchi les étapes nécessaires pour concrétiser son implantation. L'appropriation de ces connaissances s'est avérée ne pas être uniquement dépendante des contextes économique, social et même religieux du pays récepteur : la vigueur et le dynamisme d'acteurs-clés, en particulier médecins français et argentins, ont été indispensables pour réussir à adapter ces modèles venus d'ailleurs. A la différence de ce qui arriva en Uruguay, où des barrières d'ordre religieux subsistaient et où le corps médical manque d'intérêt pour ce nouveausystème de gestion des cadavres, les médecins argentins étaient convaincus de l'importance de cette nouvelle technique médicale et de l'intérêt qui signifiait, pour le progrès médical local et pour l'amélioration sanitaire des villes, de mener à bien son appropriation. Profitant d'une structure administrative plus souple que celle que l'on trouvait en France à l'époque et grâce à la construction d'un discours scientifique cohérent, ces pionniers ont trouvé la ténacité nécessaire pour que le pays adapte la pratique crématiste à la précarité matérielle régionale. L'Argentine est ainsi devenue le premier pays d'Amérique latine à autoriser et à mettre en pratique l'incinération des cadavres, une démarche audacieuse largement reconnue par le milieu médical international de l'époque et, particulièrement, par la sphère médicale française.
En français, deux mots, crémation et incinération, désignent la combustion des corps. Si incinération concurrença un temps crémation, ce dernier mot est désormais le seul usité.
Interdite depuis Charlemagne, la crémation fut envisagée comme un possible mode de sépulture sous la Révolution. Mais le décret du 23 prairial an XII sur les cimetières ne la mentionna pas. Durant plusieurs décennies, elle apparut à certains esprits comme une pratique funéraire noble et plus digne que l'inhumation, mais malheureusement impraticable.
A partir des années 1870, des républicains anticléricaux, notamment des médecins, luttèrent pour la reconnaissance légale de la crémation, ce qui se produisit grâce à un décret, en 1889. L'Eglise catholique, elle, condamna cette pratique en 1886 et 1892.
Cette condamnation ne fut certainement pas étrangère à l'hostilité dont la société française fit preuve envers la crémation durant pratiquement un siècle. En effet, il fallut attendre les années 1980 pour que le recours à la crémation commence à progresser.
Cette pratique atteignit un pourcentage important (environ 35 %) en 2014. Depuis 1963, l'Eglise catholique admet la crémation, dont les règles ont été précisées par une instruction anthropologique et spirituelle fondamentale. Elle doit aussi être analysée sous l'angle de l'écologie ; à l'origine, la crémation était présentée comme un moyen d'assurer la pureté des nappes phréatiques, mais elle est maintenant dénoncée comme un possible mode de pollution de l'atmosphère.
Au 18e siècle, les cimetières autour des églises sont devenus insalubres
mais il faut attendre 1804 pour que Napoléon publie un décret sur les lieux servant de sépulture. Aucune inhumation n’aura lieu désormais dans les églises, temples, synagogues, hôpitaux… ni dans l’enceinte des villes et bourgs. Le cimetière doit être extérieur à la ville et il est désormais géré par la commune (et non plus par l’église) tout comme l’enregistrement des morts et des règles précises sont édictées pour le « déterrement », c’est-à-dire la collecte des os après la dissolution des chairs et leur regroupement dans un ossuaire.
[Début de l'article]
La scène funéraire contemporaine est transformée par une diffusion de plus en plus large et banalisée de la crémation. Désormais, celle-ci paraît davantage s’inscrire dans une nouvelle culture de la mort qui additionne les traditions plus qu’elle ne les remplace, de façon beaucoup moins idéologique que par le passé.
En indiquant comment certains rituels juifs autour de la mort sont restés inchangés au cours des siècles, tandis que d’autres ont été modifiés ou abandonnés, cet article vise un double objectif : montrer, d’une part, que la tradition est un véritable lieu de créativité et, d’autre part, que les rites dévoilent une tension entre la vie et la mort. On constate en effet que selon certains rites le défunt doit être traité comme un vivant, tandis que l’endeuillé doit être considéré comme un mort.
L’encadrement juridique du don de corps à la science apparaît relativement lacunaire. Fondé sur le principe de liberté des funérailles, le don de corps à la science est règlementé par l’article R. 2213-13 du code général des collectivités territoriales. Ce texte exige en amont le consentement du donateur sous une forme olographe, et réglemente en aval les questions de transport des corps et de frais d’inhumation ou de crémation. D’autres questions importantes sont en revanche ignorées par le droit. Tel est le cas en particulier de la délicate question de la remise des cendres aux familles. Notre article se propose d’analyser l’opération de don de corps sous cet angle.
À la fin des années 1990, Jean-Pierre Hiernaux et moi-même avons réalisé une recherche sur les pratiques funéraires en Belgique francophone. Cette recherche a permis d’identifier un certain nombre de tendances qui s’observaient également dans les pays voisins. Elle confirma le développement de symboliques funéraires nouvelles soucieuses de s’autonomiser du cadre autrefois dominant qu’a longtemps représenté, en Belgique, la religion catholique (Vandendorpe, 2003). Elle mit en évidence la pression à la personnalisation des cérémonies funéraires, à laquelle participaient activement les acteurs funéraires eux-mêmes (Vandendorpe, 1999). Elle permit, enfin, d’attirer l’attention sur la diffusion de croyances nouvelles relatives à l’au-delà que nous associions, à l’époque, au développement de la crémation (Hiernaux etal., 2000). [Extrait]
Les parents sont souvent démunis pour aborder le sujet de la crémation avec leurs enfants. Ce guide leur offre des repères et des pistes pour parler de la crémation et des funérailles avec leurs enfants.
Ce dossier thématique regroupe les articles suivants : rituels d'autrefois, rituels d'aujourd'hui ; des funérailles... pourquoi ? ; des rites funéraires dans un contexte non religieux ; l'homme est à partir de sa mort ; les rites de deuil dans la tradition juive ; une "équipe de funérailles" dans la tradition catholique ; quand sonne l'heure des funérailles ; disparaître ; voir ou ne pas voir le corps du défunt ; "j'ai pu voir notre frère...", témoignage ; cendres. Témoignage ; cénotaphe : du vide habité de sens ; "la vie est belle...". Les attentes et la parole d'une personne en deuil ; les attentes des personnes en deuil ; le deuil, du point de vue des endeuillés ; faire mémoire en soins palliatifs ; témoignage de Véronique ; extraits de Comment j'ai vidé la maison de mes parents.
Ce chapitre aborde la participation des enfants aux rituels qui entourent la fin de vie et la mort de leur proche. Il précise ce qu'il est utile de faire avec eux et comment les préparer à vivre ces rituels, particulièrement les funérailles.
Dans un élan de changement culturel en quête de rituel, la crémation s'impose comme une nouveauté pour la tradition chrétienne. L'auteur présente ici les enjeux de l'incinération pour la pastorale, qui sont de plusieurs ordres : anthropologiques, sociaux, pastauraux et liturgiques. Pour étayer ses propos, il donne les raisons qui poussent les citoyens à désirer l'incinération ; les raisons du maintien de sa préférence pour l'inhumation. Ensuite il propose une discussion critique de certaines réflexions et pratiques actuelles, avant d'esquisser des suggestions pastorales.
Cet article est un document détaillant les résultats d'un sondage réalisé par le CSA sur les attitudes des Français face à la mort. Les résultats sont présentés bruts. Il n'y a pas d'analyse.