Un film de Zoltán Mayer (2015)
Au milieu d'une nuit des plus froides, un appel téléphonique vient bouleverser le quotidien morne et gris de deux existences. Brutalité du réveil, vertige d'une nouvelle, effondrement de soi. Liliane et Richard viennent d'apprendre la mort de leur fils unique, en Chine.
Le choc de la nouvelle doit cependant être concilié avec la rationalité administrative, ses complications et parfois son absurdité : pour rapatrier le corps de leur fils, Liliane comprend qu'elle n'a d'autre choix que de rejoindre les terres asiatiques. Elle décide alors de partir, seule, en Voyage en Chine.
L'arrivée en Chine provoque une perte de repères brutale pour Liliane. Car, au bouleversement provoqué par la mort de son fils, vient se télescoper le sentiment d'étrangeté propre à la confrontation à une autre culture. Toutefois et peu à peu, l'étourdissement lié à cette série de ruptures laisse place à d'autres temporalités : celle de la redécouverte de son fils et celle de l'écoute d'elle-même. C'est donc à travers des rencontres - et notamment celle de la splendide Danjie - ainsi que de son parcours au cœur des paysages infinis propres à la Chine, que la finitude vient frapper Liliane. Par touches, toujours par touches.
L'histoire de cette mère et de cette femme magistralement incarnée par Yolande Moreau est donc aussi celle d'une poétique de la tension entre des oppositions. Tension entre des temporalités, tension entre l'infini et le fini, le définitif et le réversible, l'aller et le retour, le soi et l'autre, le rejet et l'approbation, la distance et la proximité, le bruit et le silence, le dérisoire et le nécessaire, la vie et la mort...
Voyage en Chine invite à la subtilité jusque dans sa bande-annonce et éloigne toute tentation de dichotomie, de simplification ou de prise de parti. Il s'agit d'un film tout en nuances qui a l'art de la composition. Et c'est peut-être tout cela que l'aporie du deuil, faire avec une tension entre le possible et l'impossible.
A quel livre devez-vous votre premier souvenir de littérature ?
MR Le journal d'Anne Franck.
GR "La condition humaine", André Malraux.
Lorsque vous étiez petits, étiez-vous de grands lecteurs ?
MR Modérément.
GR Non, je ne suis toujours pas un grand lecteur. Le cinéma, la musique, la peinture, me nourrissent autant que le livre.
Quel est votre auteur préféré ?
MR Stephan Zweig, Philip Roth sont inconditionnellement mes auteurs.
Mais tout dépend de ce que je lis, par exemple en ce moment : Sàndor Màrai, Emmanuel Carrère ...
GR Carson Mc Cullers, Philippe Djian et Pierre Guyotat, sont mes trois auteurs préférés en ce moment. Ils s’attaquent au réel, ne font pas de manières, explorent la langue et prennent des risques.
Quel livre aimeriez-vous faire découvrir au monde entier ?
MR Évidemment en ce moment : .. "L'annonce de la maladie grave"... c'est une boutade mais nous sommes partis d'un livre pour les soignants, puis nous avons tout fait pour ouvrir la lecture et aussi la réflexion au grand public. Car pour le grand public, pour les futurs malades ou proches de malades que nous sommes tous, il est très utile de connaître les difficultés de nos médecins et de nos soignants.
GR "Les tambours de la pluie" de Ismaïl Kadaré, est un livre que j’aime faire découvrir.
Quel livre liriez-vous en boucle à votre pire ennemi pour le torturer ?
MR Le code pénal!!!
GR Je ne pratique pas la torture.
Quel livre pourriez-vous lire tous les jours ?
MR Le livre de ma mère d Albert Cohen.
GR Le séminaire de Lacan, qui est un livre « oral », touffu, fractal, dont la compréhension est par définition toujours ouverte et incertaine.
Quel livre attendez-vous avec le plus d'impatience ?
MR Le prochain que j'écrirai avec Gil Rabier !!!
GR Le dernier James Ellroy, je suis assez « fan », même mon impatience est souvent déçue.
Qu'est-ce qui vous a amenés à vous lancer dans l'écriture de "L'annonce : dire la maladie grave" ?
MR Ma clinique au quotidien,
le film paroles de médecins tourné à Curie avec des médecins de Curie qui nous ont fait confiance à Gil Rabier et moi-même,
une complicité de travail remarquable avec Gil Rabier qui m'a donné l'envie de poursuivre ce travail de réflexion et de la faire partager à ceux qui sont impliqués par cette question : médecins, soignants, patients et famille.
GR Le désir étrange d’écouter et d’écrire les histoires de Martine Ruszniewski. Des histoires tristes mais pas seulement. Le désir de documenter, c’est-à-dire de restituer par le texte, le travail des médecins et des soignants, les incertitudes de la parole et de l’écoute. Le désir de montrer en acte et en paroles comment une part d’ « inconscient » peut survivre, malgré tout, à l’hôpital.
Comment ce livre s'inscrit-il par rapport aux deux précédents ouvrages "Face à la maladie grave" et "Groupe de parole à l'hôpital" ?
MR Une réflexion qui s'est enrichie au fil des années. Face au pire, face à l'inacceptable, on pense qu'il n'y a plus rien à faire. Les médecins, les psy, les soignants qui travaillent chaque jour dans un contexte de maladie grave et de fin de vie, nous montrent et me montrent qu'il est possible, malgré tout, de continuer à penser et à écouter. C'est bien ce fil d'Ariane qui me guide au gré de mes livres.
GR J’ai découvert, Face à la maladie grave, en 1996, comme lecteur, en préparant un documentaire sur une Unité Mobile de Soins Palliatifs où travaillait Martine. Après le tournage du film, elle ma proposé de réfléchir à un livre sur les groupes de parole de soignants. Nos échanges se sont poursuivis depuis autour de la relation médecin malade, que j’aime bien explorer dans mes films.
Qui est la première personne à qui vous avez fait lire "L'annonce" une fois terminé ?
MR GR Philippe Ruszniewski, médecin,
Claude Julie Parisot, cinéaste et grande lectrice
et Jean-François Bezombes, psychanalyste,
pour leur différence valant complémentarité (tout comme Gil Rabier et moi-même)
nos seuls lecteurs très attentifs avant l'édition.
GR Pour ce genre de projet, le lecteur est très important. Chacun avec son écoute, de son point de vue, a su nous dire ce qui marchait et ce qui ne marchait pas.
Qu'est-ce que cela vous a apporté d'écrire "L'annonce" ?
MR De clarifier et d'analyser encore davantage mon travail au quotidien auprès des soignants qui partagent leurs difficultés, leurs ratages et leurs réussites lors des supervisions, des groupes de parole ou des groupes Balint, mais aussi de réaliser combien je pouvais encore être atteinte émotionnellement par les propos des soignants dans leur pratique quotidienne quand ils sont en proie à des situations compliquées voire douloureuses qu'ils me confient régulièrement dans le cadre de mon travail de psychanalyste auprès de ces soignants.
GR Un voyage dans la clinique, cette activité complexe qui consiste à écouter les gens qui ne vont pas bien du tout. C’est très spécial « la clinique » quand on y réfléchit. Être au chevet, avec mais à côté, faire son travail de médecin ou d’infirmière et puis… si on met entre parenthèse la technique et le savoir, il reste quelque chose d’essentiel et d’assez beau à explorer : l’autre.
Qu'espérez-vous apporter aux lecteurs ?
MR Les rassurer quant à l'humanité des soignants, des médecins qui essaient malgré toutes les difficultés qu'ils rencontrent de les soigner au mieux.
GR Des outils conceptuels et des histoires précises pour s’y retrouver dans cette extraordinaire difficulté de l’annonce. Difficile à dire, impossible à entendre, l’annonce est une impasse. Comment s’en sortir ? Comment parler ? Comment écouter ? Quelque chose peut s’ouvrir, à côté de la maladie et de la souffrance, une rencontre, malgré tout. C’est ce qu’on essaie de montrer dans le livre.
Donnez-nous trois raisons de lire "L'annonce" ?
MR 1è raison : Découvrir le travail des médecins et des soignants aux prises avec des situations très difficiles dans la confrontation à la maladie grave et tout particulièrement la question de l' annonce.
2è raison : Avoir un peu moins peur, explorer le traumatisme de l'annonce et chercher comment s'en sortir, comment continuer à vivre et à désirer malgré la maladie.
3è raison : Ecouter des paroles authentiques, des échanges impromptus, risqués et parfois très beaux, entre les patients, leurs proches et les médecins.
GR 1è raison :
Des histoires cliniques précises, humaines et complexes.
2è raison :
Pas de recettes, pas de leçon, on a évité comme la peste les modèles et les recommandations, à chacun d’inventer sa façon de parler et d’annoncer.
3è raison :
Des idées, simples parfois mais pas toujours, pour penser l’impensable, maintenir du langage, continuer de réfléchir sans certitude mais avec le désir de faire au mieux pour le patient.
Gros coup de cœur pour ce roman graphique que Luz a failli ne jamais publier.
Après le 07 Janvier 2015 (au lendemain des attaques de Charlie Hebdo), Luz pensait ne plus jamais dessiner, l'envie était partie. Puis le dessin est revenu. Un besoin irrépressible même... de faire son deuil.
Il a le trait impudique, ne met pas de voile sur sa vision d'horreur de la tragédie. Luz dessine comme il respire : mal, de travers parce qu'il est en vrac, parfois des pages de gribouillis, l'esprit est ailleurs... et c'est ce qui rend son dessin si juste.
A travers ses mots et son dessin, on ressent la folie, toute proche parfois. On se retrouve dans la puissance d'un inconscient qui cauchemarde, sans que cela ne puisse s'arrêter, sans jamais pouvoir se réveiller puisque ce cauchemar est la réalité. Personnelle et, de surcroît, commune.
Luz en parle de l'intérieur, avec un humour noir sans égal et de façon tellement réelle, jusqu'à l'absurde. Tel ce passant qui s'effondre en larmes dans ses bras et repart, soulagé, laissant notre homme plus sec et plus maigre qu'une allumette carbonisée.
Ou cette grosse excroissance surgit de lui :
« - Salut, mec ! On s'connaît pas ! J'm présente : je suis ta boule au ventre ! », lui dit la chose.
Le dessinateur de Charlie Hebdo ne se laisse pas impressionner.
« "Boule au ventre", ce n'est pas un nom pour un animal... Je vais t'appeler... Ginette ! », répond-il, bravache.
La catastrophe et l'horreur de l'événement le mènent aux essentiels, c'est dans l'humour bien sûr, et l'amour qu'il partage avec sa femme que la vie pourra se frayer un petit chemin pour repartir peu à peu.
On aime le courage de Luz à jeter sur le papier si crument ses ressentis les plus profonds, les plus insondables et viscéraux. On aurait tellement envie de lui dire : « continues s'il te plaît, continues à faire couler des litres d'encre d'intelligence simple, drôle même quand ça mord, continues... »
Catharsis, s'il a aidé Luz à mettre en mots et en dessins ses démons intérieurs, peut permettre à chacun d'y trouver des éléments pour faire son propre deuil des événements de janvier dernier... Et pour que, nous comme lui, au moins, ne finissions pas en allumette carbonisée.
Ava Dellaira, l'auteure de Love Letters to the Dead, nous a accordé une interview. Mieux la connaître pour encore plus apprécier son ouvrage !
What is the title of your first memory of literature?
A quel livre devez-vous votre premier souvenir de littérature ?
The Little Prince
Le Petit Prince d’Antoine de Saint-Exupéry
When you were a child, were you a big reader?
Lorsque vous étiez petite, étiez-vous une grande lectrice ?
Yes! I was an avid reader. We made frequent trips to our local library and used bookstore.
Oui ! J'étais une lectrice avide. On fréquentait assidûment la bibliothèque de la ville et les bouquinistes locaux.
Who is your favourite writer?
Quel est votre auteur préféré ?
It’s next to impossible for me to pick a favourite writer—there are so many I love! A few who come to mind—Joan Diddion, Jennifer Egan, Junot Diaz, Elizabeth Bishop, Marilynn Robinson, Virginia Woolf, John Berryman. Most recently I have completely fallen in love with the Italian author, Elena Ferrante.
Il y en a tellement que j'adore, j'aurais du mal à en choisir un seul. Ceux qui me viennent à l'esprit facilement —Joan Diddion, Jennifer Egan, Junot Diaz, Elizabeth Bishop, Marilynn Robinson, Virginia Woolf, John Berryman. Et puis plus récemment, j'ai craqué pour l'auteur italien, Elena Ferrante.
What is the title of the book do you want to make discovering to everyone?
Quel livre aimeriez-vous faire découvrir au monde entier ?
The Naples series by Elena Ferrante, beginning with My Brilliant Friend. Also, I’ll Give You the Sun by Jandy Nelson. And Was by Geoff Ryman.
La série Naples d’Elena Ferrante qui commence par L'amie prodigieuse. Et Le soleil est pour toi de Jandy Nelson. Aussi, Was de Geoff Ryman.
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What is the title of the book do you want to read loop to your worst enemy for torturing him?
Quel livre liriez-vous en boucle à votre pire ennemi pour le torturer ?
I honestly can’t think of a book I hate! I get sucked into stories, so even if it’s not one that I connect with right away, if I stay with a book long enough I usually find something to love about it.
J'avoue que je n'arrive pas à imaginer un livre que je déteste ! Je me laisse facilement entraînée par une bonne histoire, et même si je n'accroche pas tout de suite, si je reste avec assez longtemps, je trouve toujours quelque chose à aimer dans un livre.
What book would you read everyday?
Quel livre pourriez-vous lire tous les jours ?
Any book of poetry – I try to read a poem every morning.
Un recueil de poésie, n'importe lequel – j'essaie de toujours commencer ma journée en lisant un poème.
What book do you expect with most looking forward to?
Quel livre attendez-vous avec le plus d’impatience ?
I’m looking forward to A God in Ruins the companion book to Kate Atkinson’s Life After Life.
J'ai hâte de lire A God in Ruins, le roman d'accompagnement d'Une vie après l'autre de Kate Atkinson.
What was the trigger for writing Love Letters to the Dead?
Quel a été l’élément déclencheur pour écrire Love Letters to the Dead ?
In large part it was my mother’s sudden death. Just as writing her letters helped Laurel to heal, writing this book did the same for me.
I think writing can be extremely therapeutic for those of us who have experienced loss or trauma, or even just for those of us facing the daily difficulties of life and growing up. The reason I chose letters, rather than something like a journal format, is because letters signal an outward reaching—a wanting to connect with the world, even if you don’t fully know how yet. A letter is addressed to someone, and whether the letter is ever received or not, there is a hope inherent in writing it, a belief that you could be heard. This felt appropriate for Laurel, who, despite some of the emotions she represses at first, wants very deeply to make connections.
C'était principalement la mort prématurée de ma mère. Tout comme Laurel, pour qui écrire ses lettres l'a aidé à guérir, écrire ce livre, pour moi c'était pareil.
Je pense que l'écriture peut avoir un effet thérapeutique pour ceux d'entre nous qui ont subi la perte d'un proche ou ont été traumatisés, ou tout simplement pour faire face à des difficultés rencontrées dans le quotidien ou en grandissant. J'ai choisi le format des lettres, au lieu d'un journal intime, parce que les lettres indiquent une recherche vers l'extérieur – un désir de connecter avec le monde, même si l'on ne sait pas encore comment le faire. Une lettre s'adresse à quelqu'un, et peu importe qu'elle soit reçue ou non, il y a l'espoir, inhérent à l'écriture, une conviction que tu seras entendu. Cela paraissait juste pour Laurel, qui malgré les émotions refoulées, voulait au fond d'elle être en relation.
Who is the first person who you have actually read Love Letters to the Dead once finished?
Qui est la première personne à qui vous avez fait lire Love Letters to the Dead une fois terminé ?
One of my best friends, Liz Maccie.
L'une de mes meilleures amies, Liz Maccie.
What did you feel about this experience after writing this book?
Qu’est-ce que cela vous a apporté d’écrire ce livre ?
It was a wonderful experience. Not to say it wasn’t very hard at times, but it was one of the most gratifying things I’ve done. When I was writing the first draft of the book, it was just me alone with my characters and my computer screen late at night after work. I used to take long walks in the mornings, and dream that one day it might become a book that could mean something to someone, somewhere in the world. So, when I hear from readers who say they connected with the book or that it helped them in some way, it is a dream come true for me. I couldn’t be more grateful.
C'était une expérience exceptionnelle. Je ne nie pas que c'était très dur par moments, mais c'était pour moi l'une des choses les plus gratifiantes que j'aie fait de ma vie. Lorsque j'écrivais le premier brouillon, j'étais seule avec mes personnages et mon ordinateur tard le soir après le boulot. A cet époque, pendant que je me promenais le matin, je rêvais qu'un jour ça deviendrait un livre qui aurait un sens pour quelqu'un, quelque part, n'importe où dans le monde. Alors, quand j'entends dire par les lecteurs qu'ils se sont identifiés avec le livre et que ça les a aidé d'une manière ou une autre, c'est pour moi un rêve réalisé. Je suis tellement reconnaissante.
What do you bring to readers?
Qu’espérez-vous apporter aux lecteurs ?
I hope the book expresses the idea that "Our lives matter." It’s something that Laurel writes near at the end of the story, and it’s a message that I’m hopeful that many readers can connect with. We all have the power to make choices about our own lives, whatever their circumstances. It’s easy to feel helpless; we can’t force our parents to be happy together, we can’t always save our friends, we can’t undo our past traumas, and, no matter how desperately we miss him or her, we can’t bring someone back from the dead. But we can heal. That doesn’t mean that the pain or sadness will go away. But acknowledging our feelings, and learning to talk about them, allows us to live through them. We can carve out the paths of our own lives, even when they seem imperfect.
J'espère que le livre exprime l'idée que "nos vies comptent". C'est quelque chose que Laurel écrit vers la fin de l'histoire, et c'est un message qui, j'espère, va résonner avec beaucoup de lecteurs. On a tous le pouvoir de faire des choix dans nos propres vies, quelques soient les circonstances. C'est facile de se sentir impuissant : on ne peut pas obliger nos parents à s'entendre, on ne peut pas toujours sauver nos amis, on ne peut pas défaire les traumatismes passés. Et une personne peut beau nous manquer, on ne peut pas le refaire vivre. Mais nous pouvons guérir. Cela ne veut pas dire que la douleur ou la tristesse va disparaître. Mais reconnaître nos sentiments et apprendre a en parler, nous permet de vivre avec et de survivre. On peut tracer un chemin dans la vie, même si ça nous paraît imparfait.
Qui ne connait pas Harry Potter, le plus célèbre des sorciers orphelins et héros de J.K. Rowling ?
Pour celles et ceux qui souhaitent découvrir ou redécouvrir l'univers de Poudlard, l'exposition « Harry Potter » à la Cité du cinéma à Saint-Denis est ouverte jusqu'au 6 septembre.
En parcourant l'exposition, une dizaine de salles, c'est bien sûr le monde magique d'Harry Potter qui s'offre sous nos yeux : cours de sorcellerie, matchs de quidditch, vie des quatres maisons de l'école...
C'est aussi le monde des ténèbres, le monde de Lord Voldemort qui se déploie à travers deux salles principalement : les figures masquées des Mangemorts ; les sombrals chevaux mystérieux visibles uniquement par ceux qui ont déjà vu quelqu'un mourir ; les Détraqueurs, symbolisant la dépression, la mélancolie ; l'Ange de la mort et Lord Voldemort en personne - son costume tout du moins.
De quoi faire frémir petits et grands... Et si la présence de tous ces personnages étaient l'occasion d'évoquer avec ses enfants ce qu'ils représentent dans l'oeuvre de J.K. Rowling ?
Occasion de parler, à travers les forces du mal, de la peur de mourir, de la perte d'un être cher et des sentiments qui naissent suite à un deuil... Tout en s'appuyant sur le monde imaginaire et la magie d'Harry Potter.
A quel livre devez-vous votre premier souvenir de littérature ?
MCD Au Petit Prince de St Ex, je trouvais les images très belles et l'histoire poétique, dont je relisais régulièrement certains passages.
GH Les albums du Père Castor, de grands souvenirs ! Le titre qui me vient à l'esprit "Les bons amis" ou "Marlaguette". Et le premier "vrai" livre que j'ai entièrement lu : "Les Robinsons Suisses, dans une vieille édition du début du XXème siècle.
Lorsque vous étiez petits, étiez-vous de grands lecteurs ?
MCD J'aimais bien m'isoler pour lire, la lecture introduisait le rêve mais je ne sais pas si c'est la lecture ou le côté rêverie que je préférais, peut-être un peu les deux.
GH Non pas du tout, un grand rêveur mais pas un grand lecteur.
Quel est votre auteur préféré ?
MCD Jacques Prévert et depuis longtemps car sa façon de "pétrir" les mots de les articuler ensemble, de les faire chanter m'a toujours émerveillée.
GH A une période, fan de Victor Hugo ; maintenant je citerais volontiers Mankell, auteur de policier, qui nous emmène dans une descente dans le tréfonds des êtres.
Quel livre aimeriez-vous faire découvrir au monde entier ?
MCD Peut-être l' "Indignez-vous ! " de Hessel pour tenter de lutter contre toutes les indifférences et promouvoir la paix !
GH "Si c'est un homme" de Primo Levi, un livre extraordinaire, qui m'a bouleversé.
Quel livre liriez-vous en boucle à votre pire ennemi pour le torturer ?
MCD Comme je n'ai pas de "pire ennemi" ce qui pourrait être une "torture" pour moi, toute relative évidemment, serait que l'on me lise un livre de M Connelly sans le dernier chapitre...
GH Pas de livre, une revue "Gala" !
Quel livre pourriez-vous lire tous les jours ?
MCD Peut-être "Dialogue sur la nature humaine" de B. Cyrulnik et E. Morin car à chaque nouvelle lecture on y découvre un petit plus, et puis cette ouverture à l'interdisciplinarité et quelque chose qui nous tient à cœur en soins palliatifs !
GH Le seigneur des anneaux, et je me suis presque déjà frotté à l'exercice.
Quel livre attendez-vous avec le plus d'impatience ?
MCD Peut-être ceux que j'ai en tête et qui ne sont pas encore écrits, pas encore mûrs !
GH L'édition quotidienne du journal Le Monde
Qu'est ce qui vous a conduit à écrire ensemble ?
Un champ que nous connaissions tous les deux avec des approches différentes, une expérience commune de travail ensemble, une confiance mutuelle dans ce que chacun écrit. Ça a été un vrai plaisir d'écrire ensemble, une belle aventure.
Quelle différence entre écrire seul et écrire à deux ?
Il est plus facile d'écrire à deux. Quand on est en panne, l'autre peut prendre le relais et inversement. Il y a moins d'angoisse de la page blanche. Il y a aussi tout le travail d'élaboration en commun. Quand on est seul ça peut tourner un peu en boucle. A deux, on peut faire appel à l'autre pour échanger et structurer.
Comment faites-vous concrètement pour écrire ensemble?
Ça a été un travail de construction extrêmement riche. Nous avons d'abord élaboré en commun le sommaire. Ensuite nous nous sommes distribué les parties. Chacun écrivait ses parties, l'autre relisait et amenait ses corrections, ses modifications sans se brider.
Cette méthodologie a servi les souhaits de chacun. Et surtout, a permis un texte fluide. On ne sent pas du tout qu'il y a deux écritures, celle du médecin, et celle de l'infirmière.
Pour l'histoire, une des situations cliniques, présentée du point de vue du médecin, a été écrite par Marie-Claude, infirmière qui raconte le point de vue du médecin mais ça ne se voit pas. Nous n'avons pas toujours la même approche ni le même angle, mais des repères structurants proches. Nos visions parfois différentes, permettent de s'enrichir et de découvrir l'approche de l'autre.
Nous avons respecté la manière d'écrire de l'autre, son angle d'attaque. Chacun a tout relu plusieurs fois, relecture de l'ensemble. Relecteurs extérieurs.
Les idées ont été notées un peu n'importe quand et régulièrement, même la nuit, ou dans la voiture...
Est-ce que "Soins palliatifs à domicile : repères pour la pratique" est le premier livre que vous écrivez tous les deux ?
Oui. Nous avions déjà travaillé ensemble mais pas encore sur l'écriture d'un livre.
Qu'est ce qui vous a amenés à vous lancer dans l'écriture de "Soins palliatifs à domicile : repères pour la pratique" ?
Une demande est arrivée à la SFAP de la part de l'éditeur qui cherchait des personnes pour écrire sur les soins palliatifs à domicile. Cette demande nous a été confiée et nous nous sommes lancés !
Ecrire un livre est très différent d'un article, la quantité est plus importante, cela laisse la possibilité de creuser.
Combien de temps vous a-t-il fallu pour l'écrire ?
Une année.
Qui est la première personne à qui vous avez fait lire "Soins palliatifs à domicile : repères pour la pratique" une fois terminé ?
MCD Le premier exemplaire que j'ai donné a été pour le président de la SFAP, Vincent Morel, ensuite à une amie médecin généraliste et à une autre amie, infirmière libérale.
GH ma femme, mais aussi le plaisir de l'envoyer à Michèle Salamagne, Gilbert Desfosses, Daniel d'Hérouville, à un ami généraliste.
Qu'est-ce que cela vous a apporté d'écrire "Soins palliatifs à domicile : repères pour la pratique" ?
Pour le domicile, il y a encore beaucoup de choses à faire. Cela nous a permis d'apporter notre pierre à l'édifice du soin palliatif à domicile, en s'appuyant sur notre expérience. L'écriture permet aussi d'avoir un regard réflexif sur ses pratiques, de transmettre, d'approfondir sur ce champ large.
Qu'espérez-vous apporter aux lecteurs ?
Ce livre est un outil très pratique pour les lecteurs, notamment les médecins généralistes sur le terrain, les infirmières. Il est vraiment en phase avec le réel et parle de manière concrète.
Donnez-nous trois raisons de lire "Soins palliatifs à domicile : repères pour la pratique" ?
1e raison : bel outil pratique authentique
2e raison : deux regards intéressants, reprenant le binôme du soin palliatif : médecin - infirmière
3e raison : l'approche globale des situations présentées.
Coup de cœur pour ce magnifique film romantique de Hoseph L.Mankiewicz de 1947 avec Gene Tierney et Rex Harrisson.
C’est l’histoire d’une jeune veuve anglaise qui quitte sa belle-famille et vient s’installer au bord de la mer avec sa fille Anna et une domestique, dans une maison par laquelle elle se sent d’emblée attirée. Elle ne se laisse pas dissuader par le fait que ce lieu a la réputation d’être hanté par le fantôme d’un capitaine. Peu à peu, naît une histoire d’amour entre elle et le fantôme du capitaine. A un moment toutefois, le revenant décide de partir afin de la laisser vivre sa vie avec les vivants. Mais le film ne n’arrête pas là…
Nous avons beaucoup aimé les dialogues du film, très drôles, la manière dont les personnages et la mer sont filmés ; nous avons aussi été touchés par l’amour qui unit les personnages et par leur attachement à ce lieu. Le personnage du capitaine, homme bourru et revêche qui s’adoucit au fur et à mesure que se noue la relation avec Mrs Muir, est irrésistible.
A titre provisoire
de Catherine Monin
Théâtre Joliette 17 au 19 mars 2015
2, place Henri Verneuil
04 91 90 07 94 - Marseille
les 17 et 18 à 19h - le 19 à 20h - durée : 1h15
"A titre provisoire" décrit par une succession de petits tableaux comment chacun se débrouille avec sa propre fin et comment la mort semble être, par sa proximité industrieuse, ancrée dans la vie.
Comment son apprivoisement, sa transcendance, sa démystification, son épousement et sa familiarité rendent la vie plus intense et plus palpable. Il s'agit de remettre la mort à sa juste place, au milieu des vivants.
Le spectacle donne à penser et à rire à la fois. Il décortique méticuleusement nos petits travers, nos peurs enfouies, nos plaisirs saugrenus, avec une grande virtuosité et une plume délicieuse, poétique et métaphysique.
On entre dans une forme de théâtre qui ne se déguise pas et ça fait du bien. Les comédiens portent leurs prénoms de ville et des vêtements de tous les jours, ça les raconte, ça nous raconte sans se retrancher. Ils sont à vif, naviguent entre questionnements sur le devenir après la mort, interrogations sur la qualité du coton du coussin du cercueil, un moustique, un mur, une manifestation...On passe de petites choses matérielles, presque anodines, à de grandes questions existentielles : de là naît le rire, saveur vitale.
Comme le comédien avant d'entrer en scène, l'enfant au bord de la piscine avant son premier plongeon, comme chaque fois que l'on s'apprête à se dépasser, on se sent vivre ! A titre Provisoire nous parle de cela, avec humour et légèreté.
Pensée, à la fois sobre et ludique, la scénographie sert le propos avec intelligence. Une piscine au fond noir surmontée d'un plongeoir ; celui de la vie, celui du grand saut... Du mobilier-bulle peut-être pour dire qu'à tout moment on peut éclater, s'envoler, mourir.
J'ai aimé voir et revoir ce spectacle parce qu'en parlant de la mort, il nous rappelle combien nous sommes vivants. C'est la joie d'être qui ressurgit, la pulsion de vie, de rire, d'aimer. Avant qu'il ne soit trop tard.
«En riant de la mort, nous reconnaissons notre existence, nous allumons notre comique» Simon Critchley.
INFORMATIONS
Mise en scène, scénographie Thierry Otin
Texte Catherine Monin
Jeu Emmanuel Baillet, Olivier Barrère, Estelle Galarme, Catherine Monin, Thierry Otin
Création lumières Julian Rousselot
Création sonore Eric Dubos
Construction décor Christian Eysseric
©Delphine Michelangeli
Pour en savoir plus :
Premier prix littéraire au Congrès de la SFAP 2015 !!
A quel livre devez-vous votre premier souvenir de littérature ?
Heidi, la petite fille de la montagne
La liberté de cette petite Heidi gambadant avec les chèvres dans la montagne, et la vie dans ce chalet en bois avec son grand-père me faisaient rêver !
Après j'ai lu plutôt avec plaisir jusqu'au bac, la littérature classique qu'il fallait lire.
Puis étudiante en médecine, j'ai découvert avec beaucoup de plaisir la littérature ou plutôt l'écriture contemporaine : Marie Redonnet, Emmanuel Carrère, Agota Kristof ...
Lorsque vous étiez petite, étiez-vous une grande lectrice ?
Oui plutôt, et je me souviens de ma frustration à ne pouvoir emprunter plus de trois livres par semaine à la bibliothèque.
Plus petite j'aimais bien lire aussi comme mon grand-père le journal Sud-Ouest.Je l'ouvrais en grand sur la table de la salle à manger, et je le feuilletais avec le sentiment d'être grande et de découvrir le monde.
Quel est votre auteur préféré ?
Marguerite Duras : Toute son oeuvre littéraire me fait vibrer !
Quel livre aimeriez-vous faire découvrir au monde entier ?
Éloge de la Faiblesse d' Alexandre Jollien : sur le fil de la fragilité, il nous donne une leçon d'humilité extraordinaire, et de savoir être dans l'essentiel.
Quel livre liriez-vous en boucle à votre pire ennemi pour le torturer ?
Je ne me connais pas d'ennemi, mais en supposant que j'en ai un et que cela soit réciproque, je crois que je lui imposerai la lecture d'un livre que j'apprécie, mais qui néanmoins est susceptible de le plonger dans une mélancolie profonde :
Le livre de l'intranquillité de Fernando Pessoa
Quel livre pourriez-vous lire tous les jours ?
Lire le même livre chaque jour, c'est impensable pour moi. J'aime trop lire pour découvrir !
Quel livre attendez-vous avec le plus d'impatience ?
Le livre passionnant que je suis en train de dévorer et que je peux enfin retrouver le soir en me glissant sous ma couette.
Qu'est ce qui vous a amenée à vous lancer dans l'écriture de "Jusqu'à devenir" ?
La très forte envie de donner la parole aux personnes malades en fin de vie.
Qu'elles puissent exprimer leurs émotions et leur ressentis corporels, et ce qu'elles pensent des soins d'accompagnement que nous soignants leurs prodiguons.
Mon souhait était également de faire passer des messages pour alimenter le brûlant sujet sociétal de la fin de vie, en évoquant le respect des choix, le suicide assisté, l'euthanasie ...
Qui est la première personne à qui vous avez fait lire "Jusqu'à devenir" une fois terminé ?
Mon amour de 32 ans d'âge, féru de littérature. Autant vous dire que je tremblais...
"C'est pas mal du tout m'a-t-il dit, peut-être quelques petits passages à reprendre, et même je ne suis pas sûr. Bravo ! "
Qu'est-ce que cela vous a apporté d'écrire Jusqu'à devenir ?
Beaucoup de plaisir au fil de l'écriture et au fur et à mesure que le livre s'étoffait.
Un sentiment de satisfaction et de bonheur, d'avoir au final rendu un hommage à l'ensemble des personnes en fin de vie que j'avais pu accompagner et qui m'ont inspirés, même si ce livre est une fiction.
Qu'espérez-vous apporter aux lecteurs ?
Du plaisir à se laisser surprendre par ce roman
De la sérénité face à la mort qui peut nous toucher à tout âge de la vie
L'idée que l'on doit rester libre de faire des choix à la fin de sa vie
Que les émotions sont bien présentes pour tous, jusqu'à devenir ...
Donnez-nous trois raisons de lire Jusqu'à devenir ?
1e raison :
Vivre sensiblement la fin de vie de onze personnages singuliers en passant du rire aux larmes
2e raison :
Ce livre ose dire. L'écriture est vive, émouvante, et sans concessions (critique élogieuse)
3e raison :
Lire "Jusqu'à devenir" et s'envoler ... (autre critique élogieuse)
Enfin, pourriez-vous nous dire quelques mots de votre parcours en écriture
sensible et de la carte Pallia Plume ?
L'écriture au sens large du terme a toujours été au coeur de mon travail de soignante.
Mon mémoire de DIU en SP m'a amené à démontrer l'intérêt de la pratique de l'écriture sensible, qui à la différence de l'écriture fonctionnelle clinique, prend en considération les émotions dans la relation soignant/soigné.
J'ai eu ensuite l'idée, de créer un outil simple de pratique de l'écriture sensible, que j'ai nommé la carte Pallia-Plume.
Cette carte Pallia-Plume permet donc au soignant d'écrire sensiblement en 3D :
le malade parle / je parle du malade / je parle de moi.
L'étape suivante consiste à échanger et partager en équipe en écrivant des cartes puis de poursuivre avec des exercices d'écriture (comme j'ai pu le proposer lors d'une rencontre au CNDR SP au mois de Décembre 2014.
Au delà je propose "un parcours en écriture plaisir", amenant progressivement les participants à passer de l'écriture sensible à l'écriture littéraire (écrire par exemple un récit de vie).
A quel livre devez-vous votre premier souvenir de littérature ?
Je ne peux dissocier Les chemins de la liberté de Sartre et Voyage au bout de la nuit de Céline, tous deux lus à la même époque, dans le métro, sur le trajet du lycée.
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Lorsque vous étiez petit, étiez-vous un grand lecteur ?
Quel est votre auteur préféré ?
Je n'ai pas d'auteur préféré.
J'ai particulièrement aimé La promesse de l'aube de Romain Gary.
Quel livre aimeriez-vous faire découvrir au monde entier ?
Ce livre, je ne l'ai pas encore lu.
Quel livre liriez-vous en boucle à votre pire ennemi pour le torturer ?
Je n'ai pas la vocation de Grand Inquisiteur.
Quel livre pourriez-vous lire tous les jours ?
Aucun, je n'ai pas cette capacité.
Quel livre attendez-vous avec le plus d'impatience ?
Ma seule impatience est de retourner devant les espaces infinis de la côte ouest de l'Ile d'Oléron.
Quel a été l'élément déclencheur pour écrire Des âmes vives ?
Il n'y a pas eu un élément déclencheur proprement dit.
J'ai eu besoin de savoir, à un moment donné, ce que je vivais, ce qu'était le deuil. J'ai découvert le livre du Docteur Hanus, Enfants en deuil, portraits du chagrin, j'ai suivi des formations universitaires à Paris 13, à Lyon 1, à l'EIREM, à Paris 11 où j'ai présenté un mémoire de D.U. intitulé De la résilience après la mort de ma petite soeur et de mon petit frère, avant d'enchaîner avec la rédaction du manuscrit Des âmes vives.
Ce travail de maturation s'est étalé sur douze années.
Qui est la première personne à qui vous avez fait lire Des âmes vives une fois terminé ?
Mon épouse.
Qu'est-ce que cela vous a apporté d'écrire ce livre ?
Dans un premier temps, il m'a fallu traduire la parole impossible, poser les mots du chagrin, difficile passage obligé vers la catharsis, vers l'apaisement libératoire conforté par la satisfaction d'avoir mené mon projet à bien.
Qu'espérez-vous apporter aux lecteurs ?
Si ce livre est un témoignage de vie destiné à tout lecteur, le propos en est aussi de sensibiliser les parents et la famille à ce que peut être le vécu d'un enfant dans une fratrie endeuillée, ce qui nous anime tout particulièrement dans la branche "Frères et Soeurs" de l'Association Jonathan Pierres Vivantes.
Les professionnels, thérapeutes et accompagnants pourront trouver, dans ce livre, des pistes de réflexion sur l'impact des deuils précoces.
Enfin, donnez-nous trois raisons de lire Des âmes vives ?
1e raison : si vous êtes sensible à ce que peut vivre dans sa tête et dans son coeur un enfant dans la tourmente d'une fratrie en deuil,
2e raison : si vous vous demandez ce qui, dans la vie, peut impulser une énergie indéfectible,
3e raison : si vous voulez être "embarqué" dans un récit court et direct,
Lisez Des âmes vives !
A quel livre devez-vous votre premier souvenir de littérature ?
Germinal d'Emile Zola, j'ai découvert la force et l'impact dans nos vies d'un livre. La découverte d'un monde étranger, parce que non confrontée aux problèmes que l'autre rencontre. Le poids des mots pour nous réveiller, pour nous toucher et nous laisser surprendre
Lorsque vous étiez petite, étiez-vous une grande lectrice ?
Je n'étais pas une très grande lectrice, mais plutôt une lectrice qui lisait tout ou presque pour trouver les mots justes et ainsi j'écrivais des nouvelles, des poèmes et j'écris toujours.
Quel est votre auteur préféré ?
Victor Hugo, il a tout écrit avec tout ce qu'il était. Et je crois qu'il a permis à beaucoup de prendre le temps de lire, car aujourd'hui immédiateté oblige, le livre doit être vite lu.
Eric Emmanuel Schmidt, aussi, il met des mots choisis dans nos vies de tous les jours.
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Quel livre aimeriez-vous faire découvrir au monde entier ?
Tombé hors du temps de Davis Grossman, un récit à plusieurs voix sur la douleur suite à la perte d'un enfant, très poétique et imaginaire, mais si contemporain, il parle à chacun de nous, là où nous en sommes avec nos souffrances. Magnifique.
Quel livre liriez-vous en boucle à votre pire ennemi pour le torturer ?
Le macroscope de Joël de Rosnay (lu en DU Gérontologie), je l'ai trouvé très difficile. Peut-être qu'en le lisant à mon pire ennemi qui n'est pas moi, j'arriverai à l'apprivoiser.
Quel livre pourriez-vous lire tous les jours ?
Le petit prince de Saint-Exupéry, il devrait être dans toutes les bibliothèques.
Quel livre attendez-vous avec le plus d'impatience ?
Pas d'attente précise, un livre se choisit en lien avec nos instants, nos rencontres. Celui que je voudrai relire et que j'emporterai sur une île déserte.
Quel a été l'élément déclencheur pour écrire L'aide-soignant face à la fin de vie : repérer et transmettre les signes cliniques des personnes âgées en phase palliative terminale en institutions gériatriques ?
Des médecins ou infirmiers me disaient : c'est vrai, les AS sentent les choses mais ils ne savent pas l'exprimer (donc cela demande un effort des parties de s'entendre) et j'ai pensé que cela était certainement dû à une méconnaissance de la fonction (compétences à avoir). Sentir les choses, n'est pas une réponse médicale mais derrière il y a toute l'expérience, le savoir être et le savoir faire, qui en font des experts intuitifs.
Qui est la première personne à qui vous avez fait lire L'aide-soignant face à la fin de vie : repérer et transmettre les signes cliniques des personnes âgées en phase palliative terminale en institutions gériatriques une fois terminé ?
Après avoir achevé la conclusion, la première personne qui l'a reçu a été Nicole Croyère. J'ai fait sa connaissance grâce à un petit encart paru dans la revue internationale francophone de soins palliatifs. Un hasard, un nom "stabiloté" et un contact.
Qu'est-ce que cela vous a apporté d'écrire ce mémoire ?
En premier lieu des rencontres, la chance de poursuivre notre réflexion sur la démarche palliative avec d'autres professionnels, nos actions se rejoignent avec des pratiques, des lieux, des histoires professionnelles ou personnelles différents, il suffit de s'écouter vraiment et ainsi œuvrer pour un objectif commun : l'accompagnement.
En deuxième temps, la mise à distance des émotions qui envahissent parfois le champ professionnel, et puis par l'enquête, permettre aux aides-soignants interviewés de s'exprimer, très surprenant ce qu'ils révèlent sur le visage des personnes, premier outil de mesure.
Qu'espérez-vous apporter aux lecteurs ?
Ce qu'on apporte généralement en écrivant sur un thème précis, le témoignage, le partage d'expériences et le désir de prolonger la réflexion en s'interrogeant, en rencontrant plus facilement les autres professionnels. Pour les aides-soignants, les sortir du raccourci "soins de confort", leur donner l'envie de se former, d'aller plus loin dans la démarche soignante.
Enfin, donnez-nous trois raisons de lire L'aide-soignant face à la fin de vie : repérer et transmettre les signes cliniques des personnes âgées en phase palliative terminale en institutions gériatriques ?
1e raison : il est facile à lire, je crois
2e raison : les aides-soignants se reconnaîtront dans quelques situations
3e raison : la nécessité d'une réflexion commune sur les soins palliatifs en gériatrie, liés aux soins quotidiens certes mais que nous devons ajuster aux spécificités gériatriques.
A quel livre devez-vous votre premier souvenir de littérature ?
Les contes qu'on me lisait dans mon enfance.
Lorsque vous étiez petit, étiez-vous un grand lecteur ?
C'est ce que me disait toujours la bibliothécaire, en lui ramenant les livres que j'avais empruntés.
Quel est votre auteur préféré ?
Tous les auteurs qui arrivent à transmettre un message relatif aux choses essentielles de la vie, entre autre Eric-Emmanuel Schmitt, Jean-Christophe Rufin...
Quel livre aimeriez-vous faire découvrir au monde entier ?
N'importe quel ouvrage qui permettra d'apporter un soupçon de paix, d'humanité et d'espoir dans le monde où nous vivons.
Quel livre liriez-vous en boucle à votre pire ennemi pour le torturer ?
L'annuaire téléphonique, ou le DSM-5 s'il a un côté hypocondriaque !
Quel livre pourriez-vous lire tous les jours ?
Aucun : le plaisir de la découverte est une nécessité pour n'importe quel lecteur.
Quel livre attendez-vous avec le plus d'impatience ?
Celui qui me surprendra !
Quel a été l'élément déclencheur pour écrire La mort, une inconnue à apprivoiser ?
Ce recueil répond à une demande d'étudiants en médecine confrontés à la mort, une expérience qui peut être difficile à vivre.
Qui est la première personne à qui vous avez fait lire La mort, une inconnue à apprivoiser une fois terminé ?
Nous avons bénéficié de nombreux encouragements, en particulier de Professeur Tissot, Médecin chef du Service de Transfusion Sanguine à Lausanne. C'est à lui qu'est revenu cet honneur.
Qu'est-ce que cela vous a apporté d'écrire ce livre ?
Beaucoup de belles rencontres. Etudiants en médecine, aumôniers, infirmières, médecins, professeurs; une vingtaine de personnes ont accepté de se dévoiler.
Qu'espérez-vous apporter aux lecteurs ?
Nous voulons leur faire partager le ressenti d'étudiants et de professionnels de la santé face à la mort. Avant d'être des professionnels, nous sommes des êtres humains, avec des sentiments, des doutes et des interrogations.
Donnez-nous trois raisons de lire La mort, une inconnue à apprivoiser ?
1e raison : Notre ressenti face à la mort ne doit pas être tabou. Osons y réfléchir et en parler avant de soigner.
2e raison : Ce livre veut casser le mythe du médecin ou soignant « tout puissant ».
3e raison : Un regard neuf d'étudiants en médecine, directement concernés par ces thématiques.
Enfin, pouvez-vous nous en dire plus sur le projet Doctors and Death, confronted with dying patients ?
C'est un projet de l'Association Suisse des Etudiants en Médecine. Il vise à reconnaître et légitimer le vécu des étudiants vis-à-vis de la mort, en vue de les aider à développer une pratique médicale humanisée.
L'album Le pays des bulles et des ballons est né de la rencontre entre l'auteure Erika Fontaine et l'illustratrice Sylvenn Conan. A travers ce livre, elles ont voulu apporter un support pour parler de la mort avec des enfants. Nous les avons interviewées.
A quel livre devez-vous votre premier souvenir de littérature ?
Erika Fontaine : Un bon petit diable de la Comtesse de Ségur que ma mère me lisait quand j’étais toute petite.
Sylvenn Conan : Mes premiers souvenirs de littérature sont des livres pour enfants lus par mes parents…
Lorsque vous étiez petit, étiez-vous un grand lecteur ?
Erika Fontaine : Oui
Sylvenn Conan : Non pas vraiment
Quel est votre auteur préféré ?
Erika Fontaine : Barjavel
Sylvenn Conan : Henry Gougaud
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Quel livre aimeriez-vous faire découvrir au monde entier ?
Erika Fontaine : Le pays des bulles et des ballons !
Sylvenn Conan : Eric Julien Les kogis : le reveil d’une civilisation précolombienne.
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Quel livre liriez-vous en boucle à votre pire ennemi pour le torturer ?
Erika Fontaine : Un livre de "comptes"… !!
Sylvenn Conan : Aucune idée.
Quel livre pourriez-vous lire tous les jours ?
Erika Fontaine : Un livre sans fin…
Sylvenn Conan : Aucun
Quel livre attendez-vous avec le plus d’impatience ?
Erika Fontaine : Le conte écrit et illustré par Sylvenn qui parle d’une petite bulle amoureuse de la lune !
Sylvenn Conan : Aucun
Quel a été l’élément déclencheur pour écrire Le Pays des Bulles et des Ballons
Erika Fontaine : L’histoire était présente depuis le décès de ma maman mais c’est le décès du père de mon meilleur ami et la difficulté d’en parler avec son fils qui m’a donné l’impulsion de le mettre sur papier.
Sylvenn Conan : Erika est une amie et elle m’a demandé d’illustrer un écrit qui est en lien avec son histoire de vie.
Cela m’a beaucoup inspiré.
Qui est la première personne à qui vous avez fait lire Le Pays des Bulles et des Ballons ?
Erika Fontaine : Mon mari et mes filles.
Qu’est-ce que cela vous a apporté d’écrire cet album ?
Erika Fontaine : De vivre une merveilleuse aventure !
Sylvenn Conan : Cela m’a apporté de prendre confiance en moi en ce qui concerne mes qualités d’illustratrice. Cela m’a apporté beaucoup de joie de réaliser ce projet.
Qu’espérez-vous apporter aux lecteurs ?
Erika Fontaine : Simplement un support pour aider à parler de la mort.
Sylvenn Conan : J’espère apporter au lecteur qui est traversé par la mort d’un proche une ouverture sur l’imaginaire qui l’amène dans un espace de paix.
Quel film vous a le plus marqué lorsque vous étiez enfants ?
Michele Dal Molin : « Autant en emporte le vent » de V. Fleming
Bernard Dal Molin : « Le ballon rouge » d’Albert Lamorisse
Lorsque vous étiez petits, étiez-vous de grands cinéphiles ?
MDM : Mon père était cinéaste amateur
BDM : Oui, ma maman m’emmenait au Ciné Club tous les mois
Quel réalisateur vous a plus influencé ?
MDM : J’apprécie beaucoup Woody Allen, les frères Cohen, Pedro Almodovar, Jane Campion, et bien d’autres…
BDM : François Truffaut
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Quel film aimeriez-vous faire connaître au grand public ?
MDM : « La rose pourpre du Caire » de Woody Allen
BDM : « Un condamné à mort s’est échappé » de Robert Bresson
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Quel film feriez-vous regarder à votre pire ennemi ?
MDM : « Dancer in the dark » de Lars Von Trier
BDM : « Brice de Nice »
Quel film ne vous lassez-vous pas de regarder ?
MDM : « Shakespeare in love » de John Madden
BDM : « Sur la route de Madison » de Clint Eastwood
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Quel a été l’élément déclencheur de la réalisation de Donner, recevoir ?
MDM BDM : Ce film est né d’une rencontre avec un ami médecin, et de l’évocation des questions éthiques et philosophiques qui peuvent se poser aux donneurs et aux receveurs d’organes. Nous avons pris conscience de la grande complexité des enjeux du Donner et du Recevoir dans ces situations de vie exceptionnelles entre contraintes et liberté, situations auxquelles personne n’est préparé.
Qui est la première personne à qui vous avez fait regarder Donner, recevoir une fois le film prêt ?
MDM BDM : à nos enfants
Qu’est-ce que ce film vous a apporté ?
MDM BDM : Surtout une magnifique aventure humaine, faite de rencontres et d’ouverture, de questionnements et de partage, le cinéma c’est avant tout le partage.
Qu’espérez-vous apporter au public qui vient voir le film ?
MDM BDM : Une ouverture vers un sujet qui ne laisse pas indifférent et qui nous renvoie à nous-mêmes, à nos croyances et à nos propres valeurs.
Enfin, donnez-nous trois raisons d’aller voir le film Donner, recevoir ?
1ère raison :
MDM BDM : Se laisser toucher par 4 histoires de vie d’une grande humanité.
2ème raison :
MDM BDM : Découvrir le traitement à la fois authentique et sensible d’un sujet encore trop tabou.
3ème raison :
MDM BDM : Passer un bon moment de cinéma.
Le Dr Anne Markyse a exercé en soins palliatifs avant de revenir à la médecine générale. Dans son ouvrage, Trajectoires, à travers une histoire d'amour, elle nous parle des soins palliatifs et du vécu des soignants.
A quel livre devez-vous votre premier souvenir de littérature ?
Mes premiers souvenirs de lectures sont liés à la Comtesse de Ségur et en particulier aux Malheurs de Sophie. La Comtesse avait su s'affranchir des contraintes classiques (Pensa-t-il, s'exclama-t-elle...) du dialogue écrit ce qui rendait les textes plus vivants.
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Lorsque vous étiez petite, étiez-vous une grande lectrice ?
J'ai toujours beaucoup lu et aussi écrit depuis que je suis toute petite. La littérature m'a construite et fait partie de moi. Depuis que je suis maman ma plus grande frustration est d'avoir moins de temps pour lire.
Quel est votre auteur préféré ?
Sans conteste Henri Bauchau, et parmi ce qu'il a écrit Antigone, Œdipe sur la route, L'enfant bleu, Le boulevard périphérique... sont les titres que j'ai particulièrement aimé.
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Quel livre aimeriez-vous faire découvrir au monde entier ?
Justement, Antigone de Henri Bauchau. Ce livre est gravé dans mon esprit et porteur de souvenirs, il me rappelle une amie décédée...
Quel livre liriez-vous en boucle à votre pire ennemi pour le torturer ?
Quel livre pourriez-vous lire tous les jours ?
Neige de Maxence Fermine ou L'Inespérée de Christian Bobin pour leur écriture poétique.
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Quel livre attendez-vous avec le plus d'impatience ?
Le prochain Marc Levy !
Quel a été l'élément déclencheur pour écrire Trajectoires ?
Il n'y a pas eu d'élément déclencheur à proprement parler. Cela fait longtemps que je porte en moi l'idée de ce livre, une histoire d'amour en trame d'un vécu soignant, depuis environ dix ans. J'ai commencé à l'écrire il y a six ou sept ans. Cela s'est fait petit à petit en me nourrissant de mes expériences professionnelles et personnelles.
Qui est la première personne à qui vous avez fait lire Trajectoires une fois terminé ?
Une amie très proche
Pourquoi avoir choisi un pseudonyme ?
Je souhaitais préserver ma place de médecin généraliste. J'ai choisi « Markyse » en hommage à ma famille et à mes racines ; chaque syllabe de « Markyse » a un sens. Et puis je trouvais le clin d'œil joli aux « Cahiers Marcoeur » de Martin Winckler.
Qu'est-ce que cela vous a apporté d'écrire ce livre ?
L'écriture a un côté libératoire. Comme je l'ai dit, j'écris depuis que je suis petite, c'est aussi une satisfaction d'avoir mon premier livre publié. Mais je me sentirais véritablement « écrivain » si les lecteurs me reconnaissent comme telle.
Qu'espérez-vous apporter aux lecteurs ?
J'avais envie de donner à mes lecteurs une vision plus apaisée de la fin de vie. C'est un double défi : celui de faire connaître les soins palliatifs au grand public et celui de les faire connaître aux soignants n'y travaillant pas.
Pour finir, donnez-nous trois raisons de lire Trajectoires ?
1e raison : pour son côté poétique (de nombreux poèmes ponctuent le roman)
2e raison : pour la découverte des soins palliatifs
3e raison : pour le questionnement que le livre amène sur le sens de l'existence, de la finitude
Pouvez-vous nous expliquer ce que fait un céramologue ? qu'est-ce qui vous a motivé à vous spécialiser en céramologie ?
Le céramologue est un archéologue spécialisé dans l'étude des céramiques, c'est à dire des poteries. En partant d'un petit fragment, le céramologue est capable généralement de le dater et souvent d'identifier le type de vase auquel appartient ce fragment.
Si la datation est fondamentale (et incontournable) pour comprendre le fonctionnement d'un site archéologique, l'identification du vase nous renseigne sur d'autres phénomènes sociaux et économiques qui ont touché les Hommes ayant vécu sur le site dans le passé.
J'ai choisi de devenir céramologue car l'étude des poteries permet justement de rentrer dans le quotidien des gens. Si je prends un exemple, aujourd'hui lorsque nous recevons des invités à diner, nous disposons sur nos tables nos plus belles assiettes, nos plus beaux verres... bref la vaisselle des grandes occasions ! Cette vaisselle, nous y sommes attachés et elle représente une partie de notre personnalité. Ce phénomène, ce gout pour la mode, se rencontre depuis que l'Homme est Homo Sapiens Sapiens : on ne cherche pas uniquement l'aspect fonctionnel des choses, on cherche également à les rendre jolies, à leur faire dire quelque chose. L'étude des poteries antiques, de l'époque gallo-romaine par exemple, nous permet de voir à quelle vitesse nos ancêtres gallo-romains vont adopter la vaisselle de tradition méditérranéenne et délaisser leur vaisselle de tradition gauloise (héritée de leur ancêtre de la Gaule indépendante).
Le travail du céramologue, souvent long et fastidieux car il faut étudier des milliers de fragments de poteries, est nécessaire pour comprendre tous ces phénomènes. Sans ce travail, il serait impossible de rentrer dans le quotidien des gens "ordinaires" et nous devrions nous contenter des sources écrites qui racontent bien souvent la vie des Hommes riches et puissants.
L'exposition raconte l'histoire de Lavrvs, pouvez-vous nous en dire plus sur lui ?
Lavrvs est un gallo-romain qui a vécu au milieu du Ier siècle ap. J.-C. dans le village antique de Magneriae (village de Mignières aujourd'hui, à 15 km au sud de Chartres en direction de Tours). En revenant de Lutèce, il passe par la capitale de son peuple (les Carnutes) : Avtricvm / Chartres. A travers différentes étapes de son périple dans la ville, nous découvrons différents aspects de la vie des gallo-romains.
Lavrvs est connu car ce personnage a eu l'idée de graver son prénom sur une amphore et, 2000 ans plus tard, les archéologues ont découvert cette amphore lors d'une fouille sur un site à Mignières. L'amphore de Lavrvs, avec l'inscription du prénom, est visible dans l'exposition.
La dernière partie de l'exposition est consacrée aux vases funéraires, quels indices vous ont incité à pencher pour cette théorie ?
Ces vases proviennent de fouilles archéologiques menées entre 2007 et 2008 dans le quartier des Galichets à Chartres. Pourquoi des vases funéraires ? Tout simplement car ces vases contenaient, pour la moitié d'entre-eux, les ossements de nouveaux-nés. Il s'agissait donc bien de vases funéraires et l'étude conjointe du céramologue et de l'anthropologue (spécialiste des ossements humains) a permis d'en savoir un peu plus sur cette pratique si particulière
Au cours de la visite, vous nous avez parlé de ce que contenait les vases funéraires sans ossements, souhaitez-vous en dire plus à nos lecteurs ?
Si la moitié des vases contenaient les restes d'ossements de nouveaux nés, l'autre moitié ne contenaient quasiment rien... pas d'ossement en tous cas. Par contre, ils contenaient (comme les vases avec les restes osseux) des coquilles d'une espèce d'escargot "thanatophage"... qui "mangent les chairs de morts" (bon appétit :-) !). Ces vases contenaient donc des chairs en décomposition mais sans ossement... Pour résoudre cette énigme, nous nous sommes retournés vers l'ethnologie pour pratiquer de l'ethno-archéologie, c'est-à-dire observer les comportements de civilisations actuelles pour comprendre certaines pratiques des sociétés du passé. Nous nous sommes alors rendus compte que certaines populations en Afrique centrale ou à Madagascar enterrent, encore aujourd'hui, les placentas des nouveaux-nés au pied d'un arbre. Il s'agit d'un geste avec une symbolique forte. Nous en sommes arrivés à formuler l'hypothèse que les habitants d'Avtricvm/Chartres plaçaient les placentas des enfants morts à la naissance dans des vases.
Cette pratique est-elle l'apanage des gens de l'époque ou cette coutume a-t-elle perduré dans le temps (sous cette forme ou sous une autre) ?
Nous avons vu que cette pratique a perduré dans le temps, dans d'autres civilisations. Aujourd'hui, des études universitaires sont en cours pour comprendre ce phénomène car d'autres exemples existent à travers le monde et depuis très longtemps (dès l'âge du Bronze). Cela dit, ce phénomène ne se rencontre pas partout et l'idée est également de voir comment cette pratique se propage et comment elle disparait dans les différentes sociétés.
Enfin, pouvez-vous éveiller la curiosité de nos lecteurs en donnant trois raisons d'aller voir cette exposition ?
1ère raison : si vous voulez faire un voyage dans le temps avec une exposition très bien illustrée par des dessins réalistes (réalisés par Thierry Duchesne) qui représentent parfaitement la vie des gallo-romains de la seconde moitié du Ier siècle (tout est fidèlement restitué : vêtement, bijoux, constructions).
2ème raison : si vous voulez en apprendre un peu plus sur la façon dont vivaient les Hommes du passé (avec quelques scoop : non, les gaulois ne mangeaient pas de sanglier !)
3ème raison : cette exposition est gratuite et nous organisons une fois par mois des visites commentées (gratuites aussi) pour guider le visiteur dans ce voyage temporel.
L'exposition sera ouverte jusqu'à la fin de l'année 2013, avec une animation spéciale lors des Journées de patrimoine, les 14 et 15 septembre 2013 (visites commentées, animations pour les enfants, livret d'exposition).
Pour en savoir plus sur les vases funéraires :